Rano Raraku, la carrière du Moai

Le volcan Rano Raraku est l’un des sites archéologiques les plus incroyables et les plus extraordinaires de la planète. Dans ce lieu magique plein de mystère, les statues géantes les moai ont été fabriqués et ont rendu l’île de Pâques célèbre dans le monde entier. Les énormes figures et les carrières du volcan dépassent toutes les perspectives et font que le voyageur reste sans voix lorsqu’il contemple l’une des merveilles les plus fascinantes de l’humanité.
INDEX
- Maunga Eo, la colline parfumée
- Origine géologique du volcan
- Une matière première unique sur l’île
- Rano Raraku, l’usine du Moai
- Travailler dans la carrière
- L’abandon d’un travail colosal
- Les têtes de l’île de Pâques
- Statues avec le nom propre
- Le cratère et le lagon intérieur
- Un triathlon ancestral unique au monde
- Conseils pour visiter Rano Raraku
- Comment se rendre à Rano Raraku
- Carte
- Lieux à proximité
Maunga Eo, la colline parfumée

Le volcan Rano Raraku est situé à 20 km au nord-est de Hanga Roa, près de la péninsule Poike et à seulement 1000 mètres au nord-ouest de Hanga Nui Bay. Sa forme et son emplacement uniques font que les vues sur le volcan de Tongariki ainsi que l’ ample vision de la vue de son flanc soient d’ une grande beauté.
L’ancien nom de ce site était Maunga Eo, ce qui signifie «colline parfumée», où autrefois on cultivait une plante très aromatique dont l’odeur couvrait toute la région. En fait, une ancienne légende raconte comment deux jeunes esprits féminins étaient venus sur l’île attirés par l’arôme intense du lieu.
Le nom actuel dérive du mot Rano, qui dans la langue rapanui fait référence aux volcans qui ont une lagune intérieure. On croit que le terme Raraku, ce qui signifie rayé ou rainuré, fait référence aux grandes rainures que présente la face sud de la montagne, mais il pourrait aussi être lié au nom d’un ancien personnage qui, selon la tradition, termina avec tous les mauvais esprits de l’île en les assassinant avec l’aide d’ un moko ou un lézard en bois.
Origine géologique du volcan

Outre sa grande importance archéologique, Rano Raraku est l’un des centres volcaniques les plus intéressants de l’île de Pâques du point de vue géologique. Ce cône volcanique, aujourd’hui disparu, se forma il y a plus de 300 000 ans à la suite de l’activité éruptive des volcans Maunga Terevaka et Pua Katiki.
Le Rano Raraku a une hauteur maximale de 160 mètres sur son bord sud-est et son cratère présente une forme elliptique dont le plus grand diamètre mesure environ 700 mètres. À l’intérieur, elle abrite une lagune d’eau douce d’environ 3 à 4 mètres de profondeur causée par les pluies fréquentes de l’île.
Le versant nord a une pente douce mais vers le sud la hauteur augmente considérablement. Ici, à la fin, face à la mer, la silhouette ovoïde du cratère est interrompue brusquement par une découpe du terrain, formant une falaise abrupte à partir de laquelle deux points dépassent.
L’archéologue britannique Katherine Routledge a écrit que la forme du volcan ressemblait à un grand abreuvoir de chien, et bien que l’expression soit peu glamoureuse il ne lui soustrait rien à cette merveille géologique, il faut dire que la similitude est appropriée.
L’apparence de Rano Raraku, bien que deux fois plus petite, rappelle le grand volcan Rano Kau situé sur le sud-ouest de l’île. En plus de contenir un lac comme son grand frère, il présente également un Kari Kari ou morsure sur le bord est du cratère qui se termine par une imposante falaise. Dans les deux cas, ces murs escarpés presque verticaux ont été formés par l’érosion marine continue subie au cours des siècles. Et, comme le Rano Kau, le volcan Rano Raraku se trouvait autrefois sur le rivage, mais les coulées de lave provenant de différents cônes auxiliaires Terevaka ont entouré le volcan de plus d’ un kilomètre de la côte en créant une esplanade atteignant le Poike.
Une matière première unique sur l’île

Contrairement à la plupart des cônes volcaniques des îles, Rano Raraku est composé d’un type unique de roches sur l’île, le tuf de Lapilli. Le tuf est une roche poreuse formée par l’accumulation de cendres volcaniques éjectées lors d’une éruption qui, une fois refroidie, au contact de l’atmosphère, est compactée et durcie.
La caractéristique principale de ce tuf volcanique est sa faible dureté sous la surface, comparée au basalte, ce qui encouragea les anciens sculpteurs à l’utiliser comme matière première pour graver les immenses statues.
Il est frappant que la majeure partie du tuf se concentre dans la moitié sud-est du cône, coïncidant avec le mur vertical, et à peine existante sur la moitié nord. Selon certains géologues, cette grande falaise rocheuse serait le seul vestige d’un ancien volcan sous-marin. Lequel en grande partie disparu en raison de l’érosion, a ensuite fût recouvert de cendres rouges émises par le nouveau cratère adjacent. Cela expliquerait la grande différence de matériaux trouvés des deux côtés du Rano Raraku.
Rano Raraku, l’usine du Moai

Les détails géologiques précédents expliquent pourquoi Rano Raraku est devenu la carrière où presque toutes les 1000 statues qui ont été trouvées sur l’île de Pâques ont été sculptées. Ici, les moai ont été sculptés et ensuite ils ont été emmenés à l’ahu ou plateformes cérémonielles, réparties sur toute la côte, pour honorer la mémoire des ancêtres
En savoir plus sur le moai, les gigantesques statues de l’île de Pâques
La vision du versant sud du volcan provoque une grande perplexité et une grande admiration chez le visiteur. Des dizaines de têtes de pierre se détachent du sol et, en levant les yeux vers le sommet, de nombreux trous et figures sont découpés sur la surface rocheuse de la montagne.
Au début, il est difficile de les distinguer, mais si vous regardez de plus près, vous découvrirez de plus en plus d’images qui apparaissent gravées dans toutes les positions possibles sur la pente abrupte du tuf. Certains sont placés verticalement, la tête dirigée vers le haut et les autres dans la direction opposée. Dans d’autres cas, ils sont placés horizontalement l’un sur l’autre, parfois avec la tête et les pieds en alternance de chaque côté.
Il ne semble pas qu’un ordre de travail ou un système établi ait été suivi. Les statues sont partout et dans des endroits presque inaccessibles, comme si les indications auraient été de tirer parti de tout l’ espace disponible d’ un matériel aussi précieux et limité.
Dans la carrière, qui fait au total plus de 800 mètres de long, il existe de nombreuses niches vides d’ où les statues furent extraites et déplacées vers l’ahu. Mais il en reste beaucou à Rano Raraku. Entre celles finis qui reposent au pied du volcan et celles qui restent sur les pentes extérieures et intérieures du même, 397 moai au total ont été comptés. C’est la zone de l’île où se concentre le plus grand nombre de statues, soit près de 40% du total.
Travailler dans la carrière

Les figures qui se trouvent toujours sur les pentes supérieures de la carrière sont à tous les stades de développement, ce qui a permis de déduire la méthode utilisée pour leur construction.
La première étape consistait à choisir un secteur approprié pour faire le travail. Parfois, les sculpteurs devaient grimper à des endroits au sommet ou des pentes extrêmes. Une fois là-bas, le rocher était sculpté jusqu’à l’obtention d’un bloc rectangulaire. Plus tard, pour attaquer plus facilement le matériel, un couloir étroit d’un demi-mètre de large était réalisé autour du bloc où les sculpteurs se plaçaient.
À l’aide d’outils de basalte, appelés toki, ils commencaient à porter le tuf pour façonner le moai. Toutes les images étaient gravées sur leur dos, qu’elles soient horizontales ou verticales.
Le sculpteur commençait par le visage en accordant une attention particulière au nez car il servait de guide pour maintenir la symétrie et les proportions de la sculpture. Puis il continuait par le cou, le torse, les bras et les mains. Il poursuivait par les côtés jusqu’ à libérer le matériau sous la statue et laisser une étroite bande de pierre le long de la colonne, comme s’ il s’agissait de la quille d’un navire.

Tout en tenant la statue avec des tas de pierres, comme une cale, des trous étaient percés dans la quille jusqu’à ce qu’elle était complètement taillée et libérée de sa niche. Certaines statues se cassaient à ce moment là.
La tâche difficile suivante consistait à faire glisser la statue sur la pente raide sans les endommager. Il semble qu’ils aient utilisé des coffres et des cordes en fibres végétales pour soutenir les moai et creuser des canaux dans le sol pour maintenir l’équilibre pendant la descente. Même si de nombreux accidents se sont produits, comme en témoignent les restes de torses et de têtes brisées qui parsèment la colline.
Une fois en bas, les sculptures étaient introduites dans des trous préalablement excavés dans le sol où ils se trouvaient. En position verticale, le processus de sculpture était terminé, découpant les détails du dos et polissant la figure à l’aide d’une pierre volcanique abrasive appelée punga.
L’une des nombreux mystères est la raison pour laquelle les blocs de la carrière n’étaient pas enlevés et emmenés ailleurs où il aurait été plus facile et plus confortable de sculpter les statues. Et pourquoi au contraire tous les fins traits du visage et des mains étaient sculptées dans des niches situées dans des endroits vraiment compliqués.

On ne connaît pas le temps nécessaire pour modeler une statue. Les théories les plus optimistes pensent que quelques semaines suffisaient. D’autres plus réalistes estiment qu’avec des équipes de travail rotatives composées de plusieurs sculpteurs, ils pouvaient terminer un moai en un an.
Dans les bas de la colline ont été retrouvés de grandes quantités de déchets produits par les centaines de moai sculptées au fil des siècles, ainsi que des milliers d’outils de basalte, qui étaient souvent remplacés dès qu’ ils perdaient la lame.
Après le travail de sculpture, les statues étaient transportées sur des plates-formes cérémonielles selon une méthode encore inconnue. Plusieurs hypothèses suggèrent l’utilisation de troncs d’ arbre, de cordes et la force de dizaines d’hommes, mais jusqu`à présent on est loin de trouver le système utilisé pour déplacer tels Colosses à travers un terrain assez rude.
Il est surprenant de trouver une telle quantité de statues dans la carrière par rapport à celles qui ont été déplacées. Beaucoup ont été laissés inachevés avec des fractures subies par la roche ou parce qu’elles se trouvaient dans des zones avec un accès plus dificile ou avec des défauts rendant inutile la poursuite des travaux.
On pense également que certaines figures étaient sculptées dans la roche servant de bas-relief sans aucune intention d’être extraites. Cela peut être dû à l’ impossibilité de les retirer étant donné leur énorme taille comme la figure du Géant, ou par le manque de moyens des clans qui les commandaient ou parce qu’ après leur réalisation il n’y avait pas de moyens matériels pour les élever sur un ahu, malgrés cela ils voulaient tout de même continuer à honorer leurs ancêtres.
L’abandon d’un travail colosal

Le silence et le calme qui sont maintenant respirés dans les carrières produisent un sentiment de respect et de vénération plus typique d’un lieu sacré que d’ une usine agitée. Mais ce n’était pas toujours comme ça. On estime que le travail de sculpture des statues à Rano Raraku a duré plus de 500 ans, débutant vers l’an 1000 et terminant au milieu du XVIIIe siècle.
Pendant cette période, les carrières du volcan étaient débordé d’activité. De nombreux ouvriers dispersés sur la colline frappaient le rocher avec leurs outils, accompagnant le râle constant de leurs chansons. Il est possible que les différents groupes rivalisaient en essayant d’obtenir des images de plus en plus grandes ou de concourir pour voir qui les avaient sculpter plus rapidement.
Actuellement, il est difficile de comprendre pourquoi le peuple Rapanui a consacré autant de temps à cette tâche ardue. Les croyances et le respect pour leurs ancêtres, ainsi que l’absence d’autres distractions pour occuper leur journée dans cette petite île, ont permis des exploits prodigieux qui semblent maintenant surhumains. Un autre exemple du pouvoir de l’effort et de la persévérance.

En outre, il semble que l’activité incessante dans le volcan ait été bénéficieux pour tous les habitants de l’île. Car les groupes de tailleurs sur pierre devaient être bien nourris, ce qui entraînait une augmentation des différentes cultures et la promotion de la pêche en mer, entraînant une longue période d’abondance et de prospérité pour tous.
Cependant, la durée de la période dorée pris fin et, par conséquent, les travailleurs cessèrent de frapper la pierre pour ne plus jamais le faire. En regardant la carrière maintenant vide et silencieuse avec tant de statues inachevées, cela donne l’impression que, pour une raison quelconque, cet énorme effort a été soudainement interrompu.
Selon une ancienne légende, la cessation d’activité était due à la colère d’une vieille femme qui avait le pouvoir de faire bouger les statues. Un jour, les travailleurs mangèrent un homard sans en garder un morceau pour elle, telle fût sa colère, qu’ elle ordonna aux statues de dégringoler, paralysant pour toujours le travail.
De plus, la tradition orale parle de la façon dont l’Momoko Hanau, tribu dominante et responsable des travaux de construction de la sculpture et de la tribu, se révolta contre leurs oppresseurs, les Hanau E’epe et il les extermina durant la bataille de Poike. Une fois les rouages du travail mégalithique éliminés, la tribu libérée n’ a plus sculpté.
D’autres hypothèses soutiennent qu’un certain cataclysme naturel a dû se produire, tel qu’un grand tremblement de terre ou un tsunami qui a profondément affecté la société Rapanui, interrompant pour toujours la fabrication de statues.
Cependant, il semble que l’abandon du travail à Rano Raraku ne soit pas dû à un seul événement soudain et dramatique. C’était plutôt la conséquence d’un déclin graduel des valeurs et des croyances qui affectaient les rares ressources disponibles et provoquaient des guerres tribales successives qui mettaient fin à l’effondrement du système.
Les têtes de l’île de Pâques

Outre les statues restant à extraire dans les carrières de tuf, au-dessous, dans la zone inférieure de la pente apparaissent des dizaines de figures. Quelques-unes sont couchées, tombés de faces et d’ autres présentent des fractures. Mais la grande majorité se tient toujours au même endroit où ils furent installés il y a des centaines d’années. Rano Raraku est le seul endroit sur l’île où il est resté ériger des statues après que toutes les autres aient été renversées de leurs plates-formes lors de conflits entre clans il y a près de 300 ans.
Le long de la base de la pente externe, entre l’entrée et le cratère final avec vue sur la mer, environ soixante-dix statues sont presque terminées. A l’intérieur du cratère, il y a plus de 40 images qui mettent l’accent sur le versant sud entourant la lagune. Aussi bien les unes comme les autres tournent le dos à la montagne.
Les moai restent debout dans des tranchées creusées à ras le sol afin de terminer la sculpture de leur dos. Attire l’attention le fait que tous semblent à moitié ensevelie, dans une plus ou moins grande mesure, jusqu’ aux épaules et certains même jusqu’au nez.

Cette image, répandue dans le monde, est à l’origine du mythe des chefs de l’île de Pâques. Beaucoup pensent que les moai ne sont que des têtes, mais se sont des statues complètes enterrées par des couches successives de sédiments qui se sont accumulés au fil du temps.
On sait que lorsque la carrière a été abandonnée, les rampes de terre et de roches qui aidaient à mettre en place les moai se désagrègent peu à peu et terminèrent par enfouir les statues. Mais on croit aussi que beaucoup étaient remplis de matériau pour les couvrir intentionnellement, peut-être pour les protéger contre une profanation possible par des ennemis, bien que personne ne sait vraiment quelle était la raison.
Cette circonstance, occasionnel ou non, fit que la partie enterrée du moai fut protégé contre les intempéries et mieux conservé que la partie exposée. Les excavations ont révélé que la tête moai correspondait à environ un tiers de la hauteur totale de la statue.

Il est également devenu visible à nouveau la couleur jaune originale du tuf et , des gravures très intéressantes ont été découvertes sur le dos de quelques statues avec des dessins semblables à ceux trouvés dans les figures Ahu Nau Nau et le célèbre Hoa Hakananai’a exposé au British Museum de Londres.
Après un examen minutieux, il est mis en évidence plusieurs différences entre ces figures et celles trouvées dans le AHU. Tout d’abord, il semble que la taille moyenne de ceux trouvés ici est d’environ 6 mètres, en dépassant de 4 mètres de ceux déplacés. Ils ont aussi un profil plus mince et la finition plus soignée, avec des nez plus importants et pointus, et aucun d’eux ne portaient un pukao sur sa tête, les coiffes de scorie rouge de Puna Pau avec lesquelles étaient achevées les plates-formes.
Aux figures retrouvées dans la carrière il manque la gravure des orbites à la place il y a plan plat continu descendant du sourcil de la joue. Il semble que la gravure des bassins était réservé au moai qui montait sur les plates-formes en le terminant avec l’installation d’un œil de corail transmettant la puissance mystique des ancêtres appelés mana.

Un dernier détail important réside dans la base du moai enterré. Parfois, on été trouvé des statues dont les bases sont en forme de piquet, comme si elles avaient été sculptées pour faciliter leur pénétration dans le sol. Cela montre que l’intention était de rester « planté » là en permanence, au lieu d’être transporté vers les plates-formes.
On ne connaît pas la raison pour laquelle autant de statues sont restées en position verticale dans la carrière. Peut-être était-ce une alternative plus simple et moins chère pour certains groupes que de déplacer les statues vers les ahu, ou il est possible qu’il n’y ait plus eu assez de ressources matérielles sous forme de cordes et de rondins pour les déplacer. Malgré cela, les familles ont continué à honorer la mémoire de leurs défunts en érigeant des statues en leur honneur. Des figures énigmatiques et colossales qui continuent à émerveiller ceux qui ont l’occasion de les contempler face à face.
Statues avec le nom propre
L’aspect physique du moai issu des carrières de Rano Raraku suit un schéma clairement défini. Cette esthétique assez similaire les rend tous semblables, mais ce n’est pas comme cela. Précisément ici, avec tant de statues à comparer, on observe que chaque moai possède des caractéristiques uniques qui lui donnent sa propre personnalité et qui le différencient des autres.
Ces détails uniques liés à leur histoire particulière ont fait que chaque statue ait son propre nom. Certains étaient liés aux auteurs du travail, mais d’autres faisaient référence à une particularité de l’image ou du lieu où elle se trouvait. Malheureusement, le passage du temps a effacé la mémoire de presque tous, mais on conserve encore celle de quelques élus. Rencontrons les plus célèbres.
Tai Hare Atua, le premier moai

Au pied du versant extérieur de Rano Raraku, un moai nommé Tai Hare Atua est allongé sur le sol. Cela semble être une conception primitive de ce qui était alors le modèle dominant dans le reste des figures. Les mains sont distinguées mais d’autres détails tels que les oreilles et les bras sont à peine appréciés. Sa caractéristique est que la tête semble fusionnée au torse sans un cou qui les unit.
Selon la tradition Tai Hare Atua est l’œuvre de Miru A’Hotu et Tangi Teako A’Hotu, qui a sculpté le premier moai quand ils ont commencé à travailler dans les carrières, mais en voyant les mauvais résultats ils l’ont laissé.
Une légende raconte que certains jeunes sont allés chez un expert en sculpture pour demander comment ils pouvaient donner une forme réaliste au moai. Il les a invités à manger mais il est resté silencieux. Quand ils sont partis, il leur a dit: « regardez vers le bas et vous aurez la réponse » en se référant à qu’ ils devaient copier la forme du membre sexuel. A partir de ce moment, ils ont appris à façonner le cou et d’autres détails, obtenant ainsi l’image classique du moai.
Moai Piro Piro

Le Piro Piro Moai est l’une des images les plus célèbres et les plus répandues de l’île. Il est situé dans les premiers mètres du chemin principal qui traverse la carrière, comme pour accueillir le visiteur. Son nom signifie mauvaise odeur, mais pas parce que la statue a une mauvaise odeur, mais parce qu’il semble que son nez proéminent fasse un geste de dégoût devant un fort parfum.
Cette statue unique se distingue également par son énorme tête de 4 mètres qui est projetée en avant des épaules, montrant une « mauvaise posture » comme si elle était un peu bossue. Et si vous faites attention à la partie droite du cou, vous pouvez encorenlire quelques lettres du mot « Baquedano ». Cette profanation, sous forme de graffitis anciens fût effectuée par les marins du bateau école General Baquedano lors d’un des 20 voyages effectués sur l’île de Pâques au début du XXe siècle. Cette inscription a fait que le moai Piro Piro était aussi connu sous le nom de moai Baquedano.
Mais en plus de ces détails particuliers, Piro Piro se distingue parmi les autres statues pour ses dimensions énormes. L’explorateur Thor Heyerdahl creusa dans le sol du moai et découvrit que la partie enterrée du corps mesurait presque le double de la hauteur de la tête visible. En ajoutant les deux côtés, la longueur totale atteignait 11 mètres, ce qui a fait de Piro Piro le plus grand moai debout jamais extrait de la carrière.
Cette découverte relègue à la deuxième position le Moai Paro de l’ahu Te Pito Kura, qui, avec ses presque 10 mètres de hauteur, détient toujours le record du plus haut moaï jamais élevé sur une plate-forme cérémonielle.
Moai Hinariru

Quelque 70 mètres plus loin devant le Moai de Piro Piro, le long du chemin, vous trouverez une autre étoile de Rano Raraku, le moai Hinariru ou Hina Riru. Sa renommée rivalise avec celle de Piro Piro, et l’image de Hinariru, ainsi que celle de son compagnon anonyme, a été largement reproduite dans les guides de voyage, les livres et les promotions touristiques, devenant ainsi l’une des icônes les plus reconnaissables de Rapa Nui.
Hinariru reste enterré jusqu’à la poitrine et sa partie visible atteint une hauteur de 4 mètres. Sa figure archétypale, très bien conservée, présente une sculpture délicate et une surface très polie. La principale caractéristique de Hinariru est que sa tête s’incline légèrement vers sa gauche. Une pose assez inhabituelle, car le visage reste généralement droit et aligné avec l’axe central des figures. C’est la raison pour laquelle Hinariru est également connu comme le moai du « cou tordu », bien que de l’avis de beaucoup, cette position lui confère un aspect plus élégant et naturel que les autres.
Te Tokanga, le géant

Située dans la partie inférieure de la carrière, où le rocher commence à monter vers le sommet, se trouve une énorme statue allongée qui continue toujours dans la niche dans laquelle il a été sculpté. C’est Te Tokanga, « le géant », qui avec une longueur de près de 22 mètres et un poids estimé de 200 tonnes, ne peut pas avoir un nom plus approprié.
Te Tokanga est la plus grande statue jamais sculptée sur l’île de Pâques. On pense qu’il aurait pu être destiné à l’Ahu Tahira à Vipanu, l’une des dernières plateformes construites, située sur la pente du Rano Kau. Mais il n’a jamais atteint sa destination finale car cet énorme colosse ne s’est même pas levé de son soubassement. Ses sculpteurs ambitieux et optimistes ont compris qu’ils ne pourraient jamais être déplacer une statue d’un poids équivalent à celui d’un avion commercial. Ils ne se sont donc même pas donné la peine de la finir.

Il y a des théories qui disent qu’il a été sculpté sans intention d’être élevé, comme certaines des autres effigies qui continuent dans la carrière, car plus qu’une image complète se serait un immense pétroglyphe ou un bas-relief sculpté, probablement, à la mémoire d’une personne de haute position sociale.
Des deux côtés, vous pouvez voir les canaux où les sculpteurs se plaçaient pour effectuer leur travail. Il semble que l’expérience et le savoir-faire des sculpteurs se soient multipliés et que la taille des images ait augmenté. Si vous comparez les 4,5 mètres, qui est la hauteur moyenne d’un moai, avec les plus de 20 mètres de Te Tokanga, vous comprenez le niveau de maîtrise et de rivalité atteint par les anciens pascuenses. Une montée impossible qui conduisie au crépuscule de ces incroyables bâtiments mégalithiques.
Moai sculpté sur une vieille tête

Parmi les têtes de plusieurs moai qui se démarquent dans le chemin intermédiaire de la carrière, une statue plus petite avec un ventre un peu bombé attire l’attention. Au début, il semble que ce soit une image de plus, mais quand on l’observe calmement, on découvre que, sur ce qui était une vieille tête de corps enseveli a été sculpté une plus petite figure de moaï.
Cette nouvelle image recyclée est la seule à montrer tout son corps complet, puisque la nouvelle base se termine dans l’ancien cou de la figure originale restant sous terre. Il s’agit d’un cas unique. C’était peut-être une tentative des sculpteurs de tirer parti d’une figure abandonnée à cause de ses fissures.
Moai Ko Kona He Roa

Légèrement au-dessus du moai précédent, sous la figure imposante du « géant » il y a un autre couple de moai important, mais comme il nous ait déjà arrivé à d’ autres occasions l’un d’ entre eux est particulièrement frappant, celui de droite, son nom est Ko Kona He Roa.
Cette statue ensevelie jusqu’ aux épaules, a été découverte lors de l’expédition norvégienne de Thor Heyerdahl, à l’instar d’autres célèbres moaïs. Quand ils ont creusé la terre ils ont découvert un pétroglyphe gravé sur sa poitrine représentant un vieux navire européen de trois mâts avec des voiles carrées. Dans la partie inférieure, dans ce qui semble être l’ancre du navire, on peut voir la figure d’une tortue.
Cette gravure particulière qui semble hors de propos est liée à d’autres figures de bateaux trouvées dans les maisons d’Orongo et dans les peintures de la grotte Ana Kai Tangata. Les chercheurs suggèrent que les insulaires au cours d’une certaine période de l’histoire considéraient les visiteurs européens comme des messagers de l’ au-delà, arrivant et disparaissant de l’océan comme les oiseaux migrateurs qu’ ils adoraient.
À Rano Raraku, de nombreux moai présentent des gravures qui ont été faites peu après la phase de construction des statues. Certains sont liés à la cérémonie homme-oiseau, mais il existe également des symboles hiérarchiques tels que reimiro, des canoës polynésiens et des divinités comme Make Make.
Moai Tukuturi, le moai agenouillé

À l’extrémité sud de la carrière de Rano Raraku, où le chemin principal forme une courbe pour continuer le voyage, vous pouvez profiter d’une vue spectaculaire sur le volcan Poike avec les 15 silhouettes de l’Ahu Tongariki qui se découpent sur l’océan. Juste à cet endroit se trouve le Tukuturi moai, l’une des images les plus controversées et les plus énigmatiques de l’île de Pâques.
Son nom, qui se traduit généralement par le moai agenouillé, signifie en réalité « moai accroupi », Tuturi étant le terme correct pour désigner le mot « agenouillé ». Cette statue a été découverte, encore une fois, par l’expédition de Thor Heyerdahl en 1956 et a provoqué dès le début un grand étonnement, en particulier chez le peuple de Pâques, qui n’avait jamais rien vu de tel.
La statue ne ressemble à aucune autre sur l’île, car son apparence est beaucoup plus naturelle et réaliste. La tête est arrondie, avec des yeux sculptés qui regardent et son menton a une barbichette comme le moai kava kava. Mais ce qui le distingue des autres, dont la taille est interrompue à la ceinture, est que Tukuturi a tout le corps. On le voit en position agenouillée, les jambes pliées en arrière et les fesses appuyées sur les talons. Les mains apparaissent placées sur les cuisses au lieu de se réunir sur le ventre, dans une position très utilisée en Polynésie pour manifester son respect et que l’on peut encore voir dans les chants anciens de riu conservés sur l’île.

Tukuturi, qui mesure 3,70 mètres de hauteur, pèse environ 10 tonnes et présente une finition assez rugueuse. C’est également la seule image qui regarde vers le Rano Raraku, puisque tous les autres lui tournent le dos.
Certains spécialistes suggèrent qu’il s’agit d’un type de moai « précoce », qui pourrait remonter au Xe siècle. Heyerdahl le raconta, en raison de sa grande ressemblance, aux statues à genoux de Tiahuanaco, une culture précolombienne qui émergea sur les rives du lac Titicaca en Bolivie. Cependant, d’autres experts affirment qu’il s’agit d’un personnage tardif qui pourrait se référer au culte du Tangata Manu ou homme-oiseau qui se déroulait dans le village de cérémonie d’Orongo.
Enfin, les hypothèses les plus controversées et les plus originales ne manquent pas, comme celle qui disait être une œuvre des habitants de Tahiti qui arrivèrent sur l’île de Pâques pour y travailler à la fin du XIXe siècle. En fait, la figure de Tukuturi ressemble plus à un tiki, un type de totem typique de la Polynésie, qu’à un moai.
Comme anecdote, il convient de noter qu’un moai semblable à celui-ci appelé « Petit Tukuturi » a été retrouvé à l’intérieur du cratère. Il atteint à peine 2 mètres de haut et est assez érodé, il partage les formes arrondies et naturalistes des plus grandes mais il manque les jambes.
Le cratère et le lagon intérieur

Un peu plus de 100 mètres de l’entrée de Rano Raraku, il y a une fourche à gauche qui mène à l’intérieur du cratère du volcan. Après environ 300 mètres, vous arrivez à une fissure dans le cratère qui relie les pentes extérieures et intérieures. Il s’agit d’un étroit couloir, créé peut-être par la main de l’homme, où vous pouvez voir la cendre rouge compacte qui forme la partie nord du volcan et qui contraste clairement avec la dureté du tuf volcanique situé au sud.
À l’entrée de ce couloir naturel, un moai couché sur le ventre tente de se déplacer sans grand succès. Pendant plusieurs siècles, il est resté là, renversé et oublié, indiquant le chemin qui mène à son lieu d’origine. Et c’est que, sur la pente intérieure du cratère, plus de 90 statues sculptées ont été comptabilisées, dont quelques 70 sont encore à moitié enfouies. Ici comme à l’extérieur, tous les moai tournent le dos à la colline et regardent vers le lagon.
Jusqu’à il y a quelques années, vous pouviez emprunter le chemin qui monte au sommet et admirer de près les têtes gigantesques qui se démarquent de l’herbe, mais il a été interdit d’ y circuler pour protéger la fragilité de l’endroit.
La lagune où les chevaux vont habituellement paître et boire, est l’une des principales zones humides de Rapa Nui. Sur une île où il n’y a ni rivières ni ruisseaux, les lagons intérieurs des cratères où la pluie s’est accumulée constituent les plus grandes réserves d’eau douce à la disposition des anciens habitants.
À l’intérieur du cratère et particulièrement dans le lagon, vous pouvez voir plusieurs espèces de légumes autochtones qui coexistent avec les grandes masses de roseaux de totora. La totora est utilisée depuis des siècles par les habitants, qui l’utilisent aujourd’hui pour fabriquer des objets d’artisanat et fabriquer les radeaux à anches traditionnels qu’ils utilisent à présent pendant la Tapati.
Un triathlon ancestral unique au monde

Plusieurs siècles après l’interruption de son activité incessante, le Rano Raraku redevient le centre d’attention de l’île un jour par an. À cette occasion, il est offert comme un stade naturel spectaculaire, où les courageux participants démontreront leurs talents lors du Tau’a Rapa Nui, la compétition palpitante qui a lieu pendant le festival Tapati en février de chaque année.
Cette compétition se compose de trois disciplines traditionnelles qui se sont réunies pour former un type de triathlon très particulier. Le parcours, qui totalise 3 km, commence par le premier essai, appelé « Vaka Ama », au cours duquel les participants se croisent pour naviguer dans la lagune du cratère dans de petits radeaux construits en totora, une sorte de roseau d’eau.
Quand ils atteignent le rivage, commence « Aka Venga », épreuve durant laquelle deux têtes de bananes pesant environ 20 kg sont suspendues à leur cou, et ils devront courir autour du lac. Enfin, ils doivent traverser à nouveau le lac en nageant à l’aide d’un flotteur de fibres de roseau appelé « Pora ». Les gagnants ajouteront de précieux points qui aideront leur candidat à obtenir le règne du Tapati.
Conseils pour visiter Rano Raraku

La visite à Rano Raraku peut se faire en prenant certaines des excursions proposées par la plupart des agences de tourisme de l’île. Ce site archéologique est généralement inclus dans les excursions d’une journée, avec guide et transport inclus, où d’autres lieux d’intérêt sont également visités.
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L’autre option est de le faire soi-même, mais pour cela vous devrez arriver en voiture, car vous êtes assez loin de Hanga Roa pour le faire à pied.
Dans tous les cas, il est nécessaire d’acheter au préalable l’entrée du Parc National de Rapa Nui pour accéder au site. Bien que l’entrée soit valide pendant 10 jours pour visiter les différents sites d’intérêt, la visite à Orongo et la carrière du volcan Rano Raraku ne peuvent l’ être qu’une seule fois.
En savoir plus sur le Parc National Rapa Nui
Le billet doit être présenté à la billetterie du parc national, dont l’accès reste ouvert de 9h à 18h. Ici, plusieurs panneaux explicatifs de la place sont exposés. À droite se trouvent les toilettes publiques et à gauche un bâtiment abritant plusieurs boutiques d’artisanat d’un prix similaire à celui de Hanga Roa et une cafétéria pour les visiteurs.
Il est conseillé de porter des vêtements confortables et des chaussures de sport avec une semelle épaisse, car les chemins de la route sont raides et peuvent être glissants, surtout s’il a plu récemment. Les sentiers de Rano Raraku permettent un circuit où vous pouvez observer les moai de manière organisée et sûre.
Il est strictement interdit de quitter les sentiers balisés et de toucher les statues. Il est également interdit de dépasser la limite du chemin qui mène aux statues à l’intérieur du cratère, et encore moins de monter au sommet en raison de son danger.
Bien que la visite à Rano Raraku soit impressionnante à tout moment, il est préférable de la faire tôt le matin ou au coucher du soleil lorsque le soleil illumine les visages des statues avec sa lumière chaude alors qu’il se couche sur la côte ouest.
Comment se rendre à Rano Raraku

Ceux qui ne souhaitent pas engager de circuit organisé peuvent se rendre à Rano Raraku de manière simple. Pour arriver en voiture depuis Hanga Roa, prenez l’avenue Hotu Matu’a, où se trouve l’aéroport, en direction d’Anakena, puis tournez à droite au carrefour indiquant la route menant à Rano Raraku et continuez sur 14 kilomètres le long de la route qui longe la côte tout en profitant du paysage. Vous arriverez à un détour sur la gauche avec un panneau indiquant la route qui conduit sur 1,5 km au centre d’accueil de Rano Raraku, où vous pouvez garer le véhicule.
Une autre alternative tout à fait recommandable est d’ y aller en vélo. Il est possible de louer des vélos à Hanga Roa, où ils fournissent également aux clients des cartes et tout le nécessaire pour leurs visites.
Le voyage aller prend environ 1 heure et demie pour le faire calmement. La route côtière offre la possibilité de profiter de la brise de la mer et de la vue sur les falaises pendant tout le trajet, ainsi que de s’arrêter sur d’autres sites archéologiques situés de ce côté de l’île. Vous devez faire attention aux chevaux qui se croisent et à certaines sections d’asphalte brut où des bosses se sont formées.
Choisissez votre vélo et sentez la brise marine sur votre visage
Vous pouvez également faire la dernière étape à pied, en arrivant avant en voiture ou à vélo au début de Te Ara ou Te Moai, ou le sentier du moai. Le début de la route se situe à 4 km du volcan et est indiqué par un panneau situé à gauche de la route, à quelques mètres d’une statue démolie. À partir de là, vous pouvez suivre l’un des sentiers utilisés par les anciens pascuenses pour conduire les statues de la carrière à chaque tribune cérémonielle, rendant ainsi le voyage encore plus intéressant.